dimanche 5 mars 2017

Jeanne Collonge

Jeanne Collonge
Jeanne est une triathlète professionnelle française, . Vainqueur de la première édition de l' Ironman 70.3 Pays d’Aix et double vainqueur de l’EmbrunMan.

Photo triathlon d'Embrun, le 15 août 2015 AFP/Jean-Pierre Clatot
1-Pouvez me dire quel est votre plus souvenir de triathlon ?
J'ai beaucoup de beaux souvenirs... J'ai du mal à choisir le plus beau ! Je dirais que ma deuxième place aux championnats d'Europe junior est un des plus anciens et plus forts. Plus récemment, il y a mes deux victoires à Gérardmer et à l'Alpe d'Huez. Puis entre les deux, je suis obligée de citer mes deux victoires sur l'Embrunman, ainsi que l'IM Nice 2013 et cette incroyable course avec Delphine Pelletier...

2-La saison 2016 est finie, vous avez remporté des triathlons et fait des podiums. Pouvez-vous nous faire le bilan de cette saison ?
2016 était une saison merveilleuse, malgré les doutes du début. Comme quoi, les échecs aident toujours à apprendre sur soi-même, si on arrive à s'en relever... Après une blessure en début de saison, quelques déceptions aussi, j'ai participé aux courses que j’aime : le LD de l'Alpe que j'ai remporté avec beaucoup d'émotion, ainsi que Gérardmer. Je n'ai participé qu'à un Ironman du label en septembre au Pays de Galles, c'était une course mémorable pour moi. Puis j'ai fini sur une chute quelques jours avant ma dernière course de la saison au Mexique. Mais le bilan est quand même très positif, car j'ai beaucoup appris sur moi, sur l'entrainement, sur la patience et la maturité, et ce aussi grâce à mon coach et mon entourage.

3-Vous avez fait un malaise suite à une déshydratation en Embrun. Comment analysez-vous ce malaise?
C'était une erreur de débutant. Je me suis laissée emporter par l'effort et j'en ai oublié de boire suffisamment. Il faisait une chaleur étouffante ce jour-là... J'en ai payé les conséquences à la fin du marathon où j'ai été contrainte à l'abandon au 30è km, après avoir vécu tous les symptômes de la déshydratation...! Oui, c'est important de rester connecté tout de même dans une course, sinon on en oublie nos propres sensations...

4-Quelle course vous fait rêver ?
Je sais que beaucoup d'athlètes pro longue distance diraient Hawaii. Moi je ne sais pas trop... Bien sûr j'ai envie de faire Hawaii, parce que c'est l'aboutissement de beaucoup de travail. Mais je ne sais pas si c'est vraiment ma course de rêve. Moi je préfère la montagne...!
5-Pouvez-vous définir le triathlon en trois mots ?
Dépassement de soi, motivation, bonheur.

Photo Ironman


6-Quels sont vos projets pour 2017 ?
Je souhaiterais me qualifier pour Hawaii, c'est quand même les championnats du monde ! :-) Mais je voudrais tout de même participer aux courses qui me font rêver, du type Embrun, l'Alpe, Gérardmer, Lanzarote... Je ne sais pas encore, j'ai du mal à voir après mon 1er objectif de la saison (IM Afrique du Sud le 2/04).
7-Vous avez écrit un très joli texte après l'attentat de Nice. Votre vision de la vie et de ses priorités a changé. Pouvez-vous me dire comment ?
Tout d'abord merci :-) ! Je sais qu'il se passe des choses affreuses comme ce 14 juillet 2016 à Nice dans le monde tous les jours, mais lorsque ça se passe en bas de chez vous, ça fait un choc. Je me suis rendue-compte que ça pouvait arriver n'importe où, n'importe quand. J'ai pensé à ma famille, mes amis, je me suis dit que ça aurait pu être eux. Lorsque je suis retournée sur la Prom' quelques jours plus tard, j'ai vu de mes propres yeux : la tristesse, le choc, l'injustice, l'horreur. C'était un cauchemar... Pourtant c'était vrai. Lorsque j'ai couru 2 semaines plus tard à l'Alpe d'Huez, ça a été une force qui m'a transcendée, je voulais gagner pour eux.
8-Vous avez été blessé sérieusement en 2014. Comment vit-on ces moments ?
Les périodes de blessure pour un sportif sont vécues différemment par chacun. Personnellement, je suis très déstabilisée au début puis au lieu de m'enfoncer je fais le maximum pour profiter à fond de ce que je peux faire. Je déteste rester dans une situation où je ne suis pas bien, pas heureuse dans ma tête, alors je fais tout pour l'être. Je ressens une telle frustration de ne pas pouvoir faire lorsque je suis blessée que je le transforme en force plus revenir plus solide. En 2014/2015, ç'a été une telle succession de blessures/succès que je ne savais plus où j'en étais, je construisais, puis détruisais, et j'avais l'impression qu'il fallait revenir au point de départ à chaque fois. En fait non, j'ai beaucoup appris et évolué de chacune de ces blessures.
9- Quel est la part du mental sur un triathlon longue distance ?
Je pense qu'elle représente plus de 50% de la performance : on peut être au top de sa forme physique mais ne pas être prêt dans sa tête, et alors là c'est sûr que ça ne passe pas. Sur le papier, c'est absolument inhumain de faire 3.8km de natation, enchaîné avec 180km de vélo et 42km à pied. Certes, l'entrainement et les capacités de chacun nous aident à y parvenir, mais lorsque cela devient dur, celui qui gagne est celui qui ne craque pas et dépasse la douleur. C'est ce moment qui est si magique, c'est "l'état de grâce" lorsqu'on y arrive !

10. Que puis-je vous souhaiter pour cette nouvelle année ?
Beaucoup de réussites dans mes projets sportifs, mais aussi et surtout du bonheur avec mes proches : mon chéri, mes amis, ma famille ! Car c'est grâce à eux que je trouve mon équilibre et que je puise ma force

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